« Cancer »
« Le
dossier médical est classé, chaque document étiqueté.
Le
dossier administratif est prêt.
La
tenue est choisie. Le haut et les chaussures de rechange aussi, s’il fait
chaud.
Je
n’ai plus qu’à préparer le sac.
L’espoir
de traitement comme un nouveau voyage. » @kinkybambou
Cancer est aussi
le point culminant d'une vie, le moment de crise de vérité où le réel s'efface,
subsumé par le trop d'irréalité d'une vérité dont il faut enfin témoigner sans
trop gêner l'ordre établi; quoique trop tard, vous y ferez un dernier élan, soit
vers le haut soit vers le bas.
Cancer, c'est
toute une vie; d'abord une hypersensibilité, ensuite craque ou rechute et
héroïque acte de se mettre en avance afin d'être graciés de nouveaux; ensuite
vient une étape affreuse où vous êtes dès lors gênants, trop véridiques, sarcastiques;
et si vous n'obéissez pas encore; perdus.
J'ai dû avoir
quelque part un buste de grand homme dans une salle damnée des hôpitaux, qui a
servi un temps à me fixer le cou, coup par coup, dont je suis devenu intoxiqué,
demandeur d'asile auprès des roses de mai sur les périphéries désertées par ma
radiation irradiante de joie.
Je n'ai pas
hurlé (sous l’oppressant état tiers de léthargie de somnifères) et je n'ai pas
pu pouvoir quitter les lieux, mes bandages et bondages tous dessinés, sous la
lampes clignotantes des climatiseurs des escaliers où fumer s'égalait en régale
à se jumeler en présence de ma voix.
Inadmissible par
inadvertance, vu le lieu sec et ahuri des yeux, obligés de fixer un point
palpitant dans l'espace où aucune main d'homme n'est admise de pénétrer la zone
extrêmement nocive, Dieu achemine le cancer encore plus bas pour t'examiner de
vrai et sentir ton refus de soin.
Au départ, ahuri,
je n'ai même pas pris le soin d'éloquence de leur demander d'indulgence, préparé
au pire, j'ai encaissé les douleurs par amour de l'humanité qui manifeste enfin
sa gloire à mon cas, mince et chétif, tremblant comme des moutonneux des
vagues, passagers, fini et recommençant.
Quand la langue,
le langage, la parole ou l'expression dits appropriés font défaut, et quand il
n'y a plus besoin de langage, si la langue ne trouve pas encore ou plus ses
assises appropriées, c'est que les beaux jours sont enfin finis, et les autres
chaos recommencent à leurs règnes.
Ah tiens, j'ai
failli presque oublier que l'année dernière je ne promenais avec une pompe (une
porte en fait –cat atèle?) plantée non pas sur ma cuisse, mais sur mon sein
droite, près de ma gorge, dont il ne reste plus de trace aujourd'hui qu'un
sentiment de suffocation...
Le jour
d’exécution, on pense autre chose, l'acier du ciel remonte du soir assoiffé et
la ciguë de la terre remonte à la surface pour te terrasser en haut, un dernier
avalement de fumé au coin de station de gas-oil, regard croisé avec les vrais
gens de voyage, dure besogne d'endurance.
Une dernier
apparition publique en tenu acceptable, rayonnant d'un vrai artifice de
hilarité au comptoir, pour décongeler les jeunes filles de grâce, tôt la
matinée d'hiver, enjamber les étages d'un victorieux et malsain sentiment de
délibération sans choix, un être en légèreté d'indifférence.
Recherche
désespérée d'un cachot pour le tabac et les autres luxuriances pour éviter tout
croisement angulaire avec une caméra de surveillance, visite des lieux de culte
et des morgues, sorties de secours sans encourir le danger de demande d'aide;
surtout pas! Un être bien organisé.
Se rappeler
enfin de ce vieux dicton que l'âme -notre âme- nous serait étrangère, dont nous
ne serions que le gardien ou le locataire, et se confier en gage pour
l'humanité à venir à l'haute autorité de la science et de ses apprentis
auxquels vous vous proposeriez comme l'objet d'étude.
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