Pages

01/07/2021

« Cancer »

 

« Cancer »

 

« Le dossier médical est classé, chaque document étiqueté.

Le dossier administratif est prêt.

La tenue est choisie. Le haut et les chaussures de rechange aussi, s’il fait chaud.

Je n’ai plus qu’à préparer le sac.

L’espoir de traitement comme un nouveau voyage. » @kinkybambou

 

Cancer est aussi le point culminant d'une vie, le moment de crise de vérité où le réel s'efface, subsumé par le trop d'irréalité d'une vérité dont il faut enfin témoigner sans trop gêner l'ordre établi; quoique trop tard, vous y ferez un dernier élan, soit vers le haut soit vers le bas.

Cancer, c'est toute une vie; d'abord une hypersensibilité, ensuite craque ou rechute et héroïque acte de se mettre en avance afin d'être graciés de nouveaux; ensuite vient une étape affreuse où vous êtes dès lors gênants, trop véridiques, sarcastiques; et si vous n'obéissez pas encore; perdus.

J'ai dû avoir quelque part un buste de grand homme dans une salle damnée des hôpitaux, qui a servi un temps à me fixer le cou, coup par coup, dont je suis devenu intoxiqué, demandeur d'asile auprès des roses de mai sur les périphéries désertées par ma radiation irradiante de joie.

Je n'ai pas hurlé (sous l’oppressant état tiers de léthargie de somnifères) et je n'ai pas pu pouvoir quitter les lieux, mes bandages et bondages tous dessinés, sous la lampes clignotantes des climatiseurs des escaliers où fumer s'égalait en régale à se jumeler en présence de ma voix.

Inadmissible par inadvertance, vu le lieu sec et ahuri des yeux, obligés de fixer un point palpitant dans l'espace où aucune main d'homme n'est admise de pénétrer la zone extrêmement nocive, Dieu achemine le cancer encore plus bas pour t'examiner de vrai et sentir ton refus de soin.

Au départ, ahuri, je n'ai même pas pris le soin d'éloquence de leur demander d'indulgence, préparé au pire, j'ai encaissé les douleurs par amour de l'humanité qui manifeste enfin sa gloire à mon cas, mince et chétif, tremblant comme des moutonneux des vagues, passagers, fini et recommençant.

 

Quand la langue, le langage, la parole ou l'expression dits appropriés font défaut, et quand il n'y a plus besoin de langage, si la langue ne trouve pas encore ou plus ses assises appropriées, c'est que les beaux jours sont enfin finis, et les autres chaos recommencent à leurs règnes.

 

Ah tiens, j'ai failli presque oublier que l'année dernière je ne promenais avec une pompe (une porte en fait –cat atèle?) plantée non pas sur ma cuisse, mais sur mon sein droite, près de ma gorge, dont il ne reste plus de trace aujourd'hui qu'un sentiment de suffocation...

 

Le jour d’exécution, on pense autre chose, l'acier du ciel remonte du soir assoiffé et la ciguë de la terre remonte à la surface pour te terrasser en haut, un dernier avalement de fumé au coin de station de gas-oil, regard croisé avec les vrais gens de voyage, dure besogne d'endurance.

Une dernier apparition publique en tenu acceptable, rayonnant d'un vrai artifice de hilarité au comptoir, pour décongeler les jeunes filles de grâce, tôt la matinée d'hiver, enjamber les étages d'un victorieux et malsain sentiment de délibération sans choix, un être en légèreté d'indifférence.

Recherche désespérée d'un cachot pour le tabac et les autres luxuriances pour éviter tout croisement angulaire avec une caméra de surveillance, visite des lieux de culte et des morgues, sorties de secours sans encourir le danger de demande d'aide; surtout pas! Un être bien organisé.

Se rappeler enfin de ce vieux dicton que l'âme -notre âme- nous serait étrangère, dont nous ne serions que le gardien ou le locataire, et se confier en gage pour l'humanité à venir à l'haute autorité de la science et de ses apprentis auxquels vous vous proposeriez comme l'objet d'étude.

Aucun commentaire: